Au printemps de cette année, le Parlement français et le Sénat américain ont autorisé la ratification de l’élargissement de l’Otan à la Pologne, à la République tchèque et à la Hongrie. Les documents publiés à cette occasion permettent de déterminer où les représentants des deux pays placent l’essentiel de leur intérêt.

Devant le Parlement français, les questions sont posées

À Paris, l’aspect financier a retenu d’emblée l’attention de l’Assemblée nationale et du Sénat. Les députés constatent que l’impact budgétaire de l’élargissement fait l’objet de divergences d’appréciation entre Américains et Européens. L’emploi du présent est significatif : puisque des différences de fond subsistent, le dossier du financement n’est peut-être pas clos. Les deux Assemblées notent, probablement sans illusion, qu’il reviendra aux nouveaux membres d’assurer le coût de la modernisation de leurs forces. Leur circonspection est le mieux traduite par la commission des affaires étrangères de l’Assemblée. L’adhésion, pense-t-elle, permettra aux nouveaux membres de bénéficier d’une aide à la modernisation des forces armées, en ajoutant, peu après, qu’il n’est pas question que l’Otan prenne à sa charge le financement de cette modernisation. C’est renvoyer sur les Alliés, par la voie bilatérale, la charge de ce soutien.

Comme on le sait, l’élargissement a justifié la signature préalable d’un traité entre la Russie et l’Otan. Toute incertitude sur le rôle futur de la Russie dans la sécurité européenne n’est cependant pas dissipée. L’Assemblée redoute que Moscou essaie d’utiliser le Conseil permanent conjoint à son bénéfice, en quelque sorte comme un moyen de contrôler l’évolution de l’Otan. Le Sénat constate que si l’esprit de l’acte fondateur est bien de donner à la Russie une voix au chapitre dans la conduite des affaires de la sécurité européenne, comment résoudre la question du veto pour éviter de ne faire de ce Conseil qu’une chambre d’enregistrement ?