Diplomatique - Les Nations unies et l'avenir de la Corée - Diplomatie des puissances asiatiques - Réunions des Trois et des Douze - Le communiqué du 19 septembre - L'Assemblée générale des Nations unies
Le 15 septembre 1950, un débarquement massif de troupes américaines renversait le cours de la campagne militaire en Corée. Les troupes des Nations Unies, qui jusqu’alors avaient péniblement réussi à conserver l’étroit réduit où les avaient confinées l’offensive nord-coréenne, repartaient immédiatement vers le nord. En quinze jours, le terrain perdu était regagné et les forces du général MacArthur parvenaient devant la limite invisible du 38e parallèle. Les problèmes diplomatiques commençaient à se poser, plus tôt peut-être qu’on ne l’avait prévu. Le 29 septembre, le général MacArthur procédait solennellement, au Capitole de Séoul, à la réinstallation du président Syngman Rhee. Le commandant en chef des forces des Nations unies manifestait par-là l’intention du gouvernement américain de considérer l’ancien gouvernement sudiste comme le gouvernement légitime de la Corée tout entière. En même temps, le gouvernement américain faisait connaître ses projets concernant l’avenir de la Corée ; les questions touchant à la cessation des hostilités étant laissées à l’initiative du commandant militaire. Washington estimait : que la division du pays par le 38e parallèle était désormais caduque, qu’elle n’avait répondu qu’à des nécessités militaires aujourd’hui disparues et qu’il convenait, par conséquent, d’unifier le territoire coréen ; que cette unification devrait être réalisée par une Commission des Nations unies, d’où seraient exclues les quatre grandes puissances ainsi que la Chine communiste ; que des élections ayant eu lieu en Corée du Sud sous le contrôle de la Commission des Nations unies, de nouvelles élections n’étaient requises, sous le contrôle d’une telle commission, que dans le Nord. Enfin, Washington avait l’intention de préparer un programme de reconstruction et d’aide économique dont la Corée serait bénéficiaire sous l’égide des Nations unies. Dans le même temps que ce programme d’avenir était divulgué, le général MacArthur demandait aux forces nordistes de se rendre sans condition et, tandis qu’à Lake Success s’opposaient les thèses juridiques, dès le 30 septembre, des forces sudistes franchissaient le 38e parallèle. La Corée du Sud demandait aux Nations unies d’autoriser ce franchissement.
Plus nuancées que les propositions américaines, les vues britanniques sur le règlement de la question coréenne étaient présentées à la Commission politique des Nations unies. Ces propositions prévoyaient des élections visant à la constitution d’un gouvernement « unifié, indépendant et démocratique », qui doivent avoir lieu sous les auspices de l’ONU, dans l’État souverain de Corée. Cette formulation ne précisait pas si les élections antérieurement tenues dans le Sud seraient tenues pour valables, ou si les nouvelles élections devraient embrasser l’ensemble du territoire. On sait que le gouvernement travailliste, ainsi que de nombreux gouvernements des Dominions, n’a pas beaucoup de sympathie pour l’ancien gouvernement de Séoul. Le projet britannique précisait encore que les forces de l’ONU ne seraient maintenues en Corée que le temps nécessaire à la création d’un gouvernement – ce qui autorisait implicitement l’occupation de toute la Corée par ces forces et, par conséquent, le franchissement du 38e parallèle – et qu’une nouvelle commission chargée de représenter l’ONU auprès d’un gouvernement unifié serait constituée. La composition de cette commission n’était pas spécifiée dans la proposition britannique (au contraire des vues prêtées au gouvernement américain). Enfin, c’est le Conseil économique et social des Nations unies qui serait chargé d’élaborer un programme de reconstruction pour la Corée.
Diplomatie des puissances asiatiques
M. Vychinski, ministre des Affaires étrangères d’URSS, présentait, le 2 octobre, à la Commission politique de l’Assemblée, un programme qui prévoyait notamment le cessez-le-feu immédiat ; le retrait immédiat de Corée des troupes des Nations Unies ; la représentation des parlements de la Corée du Nord et du Sud à une Commission paritaire chargée de l’organisation et de la conduite des élections à l’Assemblée nationale de Corée ; la création d’une commission d’observateurs des Nations unies avec participation indispensable de délégués des États voisins de la Corée, URSS et Chine, pour superviser les élections coréennes ; enfin, l’élaboration par le Conseil Économique et Social, avec la participation de représentants coréens, de plans d’assistance technique. La Commission politique réunie le 4 octobre écarta la proposition soviétique et adopta la proposition britannique. Toutefois, une proposition indienne, tendant à renvoyer la question devant une sous-commission, c’est-à-dire à éviter une décision des Nations unies, fût-elle implicite, sur le franchissement du 38e parallèle et l’intervention des Nations unies en Corée du Nord, recueillit une substantielle minorité : 24 voix, dont celles des pays Scandinaves, et 3 abstentions contre 32.
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