Diplomatique - Expectative et crise aux Nations unies - Projet indien sur la Corée - Voyage d'Eisenhower - Les élections en Sarre - Ajournement de la ratification des accords de la Communauté européenne de défense (CED) à Bonn - Troubles en Irak - Difficultés germano-arabes
À New York, la session des Nations unies s’est déroulée au début de novembre dans une atmosphère d’expectative et de crise ; d’expectative, parce que les contacts ou les chocs diplomatiques dont les Nations unies sont l’occasion et le théâtre se trouvaient suspendus dans l’attente, d’abord des résultats de l’élection présidentielle du 4 novembre 1952, puis, après le succès de Eisenhower, d’indications sur la politique extérieure qu’entendait suivre la nouvelle administration ; de crise interne aussi, dans la mesure où les Nations unies ayant fait trop pour ne pas rencontrer des échecs ou pas assez pour que son existence même apparût à tous comme une nécessité, les fonctionnaires internationaux les plus responsables ressentent lassitude et découragement.
Le 11 novembre, M. Trygve Lie annonçait à l’Assemblée plénière sa démission de secrétaire général. Ce geste était renouvelé à Paris, peu de temps après, le 22 novembre, par M. Torrès-Bodet, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Cependant, l’assemblée a poursuivi l’examen du premier point de son ordre du jour ; les questions de Corée. L’obstacle qu’elle avait à franchir, sur lequel avaient buté un an durant les négociateurs de Pan Mun Jom, était le rapatriement des prisonniers de guerre. Les États-Unis, appliquant au cas des Nord-Coréens faits prisonniers les principes qui avaient été formulés à l’usage des « personnes déplacées » de la Seconde Guerre mondiale, affirmaient la nécessité de donner à chacun individuellement la possibilité de choisir entre le rapatriement et l’établissement en Corée du Sud. De leur côté, les Chinois, à Pan Mun Jom, et les Russes, à New York, s’en tenaient aux règles traditionnellement appliquées aux prisonniers de guerre, qui font l’objet de rapatriements collectifs sans consultations individuelles préalables. La thèse soviétique qui fut défendue par M. Vichinsky à la tribune des Nations unies, ne tenait pas compte du caractère particulier de la guerre de Corée, guerre civile autant que guerre entre États étrangers. Il est vrai que l’intervention militaire des Nations unies en Corée se justifiait à l’époque du fait qu’il ne s’agissait pas entre Nordistes et Sudistes d’une guerre civile au sens précis du terme. Les difficultés qu’engendre l’opposition actuelle entre l’Est et l’Ouest sont nouvelles et peu propres à être aplanies par les méthodes traditionnelles.
Projet indien sur la Corée
Pour sortir de cette impasse, les délégations asiatiques se sont employées à trouver un compromis, la délégation indienne a présenté un projet prévoyant la constitution d’une commission de rapatriement destinée « à faciliter le retour des prisonniers de guerre dans leur pays de résidence ». Les prisonniers qui, au terme d’un délai de 90 jours, n’auraient pas été rapatriés, seraient mis à la disposition d’une commission politique chargée de régler leur sort dans le cadre de la conférence politique prévue par le projet d’accord d’armistice. À cette proposition de l’Inde, à laquelle la France avec la Grande-Bretagne et le Canada, s’étaient d’emblée ralliés, les États-Unis opposèrent une sérieuse critique. Le renvoi devant la Conférence politique des prisonniers refusant d’être rapatriés signifiait pour ceux-là, disait le département d’État, une attente indéfinie dans les camps. Cependant, la majorité des Nations unies semblant acquise au projet indien, et l’Union soviétique comme la Chine lui manifestant leur hostilité, les États-Unis y adhérèrent à leur tour. Le 1er décembre, le plan indien sur les prisonniers de guerre de Corée fut adopté par la Commission politique à l’unanimité, moins cinq voix du groupe soviétique. Un amendement soviétique demandant aux belligérants en Corée de cesser le feu immédiatement et complètement était rejeté et sur une proposition danoise, un délai de 30 jours était fixé, au-delà duquel, en cas d’impossibilité d’accord, la conférence politique devrait remettre à l’ONU la responsabilité des prisonniers ayant refusé le rapatriement. Pyongyang et Pékin ont alors annoncé officiellement que les deux républiques populaires rejetaient ces propositions.
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