Économique - Les nouvelles avances de la Banque à l'État - L'activité économique et la volonté de « relancer » l'économie
Une des premières mesures prises par le Gouvernement de M. René Mayer a été de demander de nouveaux concours à la Banque de France. L’opération, comparable à celle réalisée l’an passé par le gouvernement de M. Antoine Pinay, a été considérée par certains parlementaires comme consacrant l’échec de la politique économique et financière suivie depuis un an. Il semble que la réalité soit beaucoup moins simple. Au demeurant, l’élévation du plafond des avances est, en soi, d’importance tout à fait minime. Sa portée exacte ne peut être appréciée que si on le considère comme un indice révélateur des conditions dans lesquelles est assuré l’équilibre au jour le jour de la Trésorerie.
D’après les déclarations du nouveau ministre des Finances, M. Bourgès-Maunoury, la situation de la Trésorerie, au cours de l’année 1952, « a toujours été tendue ». Alors qu’au cours de l’année précédente le volant dont disposait le Trésor entre chaque échéance avait évolué entre 100 et 141 milliards, il n’a été, en 1952, que de 30 Mds. En outre, le montant des dépenses publiques à couvrir par l’emprunt et les ressources propres du Trésor a atteint, à la fin de l’année, 790 Mds au lieu des 615 envisagés dans les prévisions budgétaires. En définitive, si la Trésorerie disposait de 23 Mds au 31 décembre 1952, les opérations de liquidation de l’échéance – prolongées dans les premiers jours de janvier 1953 – ont pratiquement réduit ce chiffre à zéro. La cause profonde de l’accroissement du concours demandé à la Trésorerie réside en partie dans le déblocage progressif des crédits « gelés » à l’origine par M. A. Pinay (33 Mds), en partie dans les détaxes demandées par le Parlement (17 Mds), en partie dans les moins-values fiscales (60 Mds). Celles-ci ont porté principalement sur les taxes sur le chiffre d’affaires, très sensibles à l’arrêt de la hausse des prix, non compensé par l’expansion attendue de la production. Au surplus, le produit espéré d’un surcroît de sincérité dans les déclarations avait été fixé à 30 Mds : il en a tout juste atteint 10.
La disparition de toute encaisse à la Trésorerie était particulièrement préoccupante en début d’année, par suite de la faiblesse des rentrées fiscales au cours des six premières semaines (le premier acompte provisionnel de l’impôt sur le revenu ne rentre que peu avant le 15 février). L’augmentation des concours demandés à l’Institut d’émission devenait ainsi inéluctable.
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