La Charte de Paris a été signée le 21 novembre 1990, marquant la fin de la guerre froide et offrant une perspective apaisée à une Europe encore divisée. L’architecture de sécurité proposée a, hélas, été remise en cause depuis. Il reste utile de revenir sur cette Charte lorsqu’il faudra revoir la sécurité européenne.
Charte de Paris : ce n’est pas la fin de l’histoire
The Charter of Paris: it is not The End of History
The Paris Charter, signed on 21 November 1990, marked the end of the Cold War and offered a more peaceful perspective to a still-divided Europe. Sadly, the proposed security architecture has been challenged since then. It is pertinent to look back at the Charter whenever reviewing European security.
La Charte de Paris a marqué un tournant dans l’histoire de l’Europe. Il s’agissait en effet d’un sommet signifiant la fin de la guerre froide. Il est remarquable de constater les progrès accomplis entre l’Acte final d’Helsinki signé le 1er août 1975 et la Charte de Paris signée seulement quinze ans plus tard, le 21 novembre 1990. Malheureusement, avec le recul et compte tenu de la situation dangereuse dans laquelle se trouve l’Europe aujourd’hui, il est tragique de voir à quelle vitesse l’espoir d’une Europe unie, démocratique et pacifique s’est évanoui. Néanmoins, le Sommet et la Charte de Paris sont une source d’inspiration pour les efforts futurs visant à reconstruire un ordre de sécurité en Europe.
Un tournant
À la fin des années 1980, la tournure dramatique des événements, en grande partie consécutive aux réformes du président Mikhaïl Gorbatchev en URSS, a atténué des décennies de tensions entre l’Europe occidentale et le bloc communiste. Le rapprochement entre les États-Unis et l’Union soviétique, à la suite d’une série de rencontres entre les présidents Reagan et Gorbatchev, notamment à Genève et Reykjavik, l’accord sur le traité sur les Forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI), signé lors du Sommet de Washington le 8 décembre 1987, et la fin relativement pacifique du régime communiste en Europe centrale et orientale ont montré que le vent du changement soufflait sur l’Europe. L’un des changements les plus importants a eu lieu en novembre 1989 avec la chute du mur de Berlin, suivie en octobre 1990 par la réunification de l’Allemagne.
En novembre 1989, lors d’une visite d’État en Italie, le président Gorbatchev a proposé l’idée d’un sommet des États participants à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). L’idée a été rapidement soutenue par le président français Mitterrand et le chancelier allemand Kohl, et approuvée en principe par les 12 États-membres de la Communauté européenne (CE) le 20 janvier 1990 (1). Les préparatifs du sommet se sont déroulés à Vienne entre le 10 juillet et le 17 novembre 1990 – une période plutôt courte pour préparer une réunion aussi importante. Il a été précédé d’une réunion ministérielle à New York les 1er et 2 octobre 1990 (2). En outre, dans la période précédant le sommet, les négociations sur la finalisation du Traité sur les Forces conventionnelles en Europe (FCE) ont été intensifiées : il est signé à Paris par 22 États-membres de l’Otan et du Pacte de Varsovie le 19 novembre. Un certain nombre de traités bilatéraux a également été signé en 1990, par exemple entre l’Allemagne et la Pologne, et entre l’URSS et l’Allemagne, ce qui a contribué à renforcer la confiance et la coopération.
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