Quarante-cinq années séparent la capitulation du III^e Reich du Sommet de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) qui adopte le 21 novembre 1990 la Charte de Paris pour une Nouvelle Europe. Trente-cinq ans plus tard, en 2025, quel bilan tirer de ce projet généreux adopté dans un contexte exceptionnel ?

La voie esquissée par la Charte de Paris, celle d’une large coopération paneuropéenne et transatlantique, fondée sur de grands principes communs a-t-elle été vraiment suivie ? A-t-elle été progressivement mise de côté au profit d’autres voies qui structurent désormais le continent ? Si cela est le cas, comment expliquer cette dérive vers un autre choix ? Quelles en ont été les étapes ? Autant de questions qui appellent des réponses prudentes à la lumière des décisions que les dirigeants des États concernés ont prises tout au long des années qui ont suivi l’adoption de la Charte de Paris.

Reconstruire la sécurité en Europe après la chute du mur de Berlin

Dans une Europe ébranlée par la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, par la fin de la guerre froide, les principaux acteurs, les États-Unis, l’Union soviétique, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, les États neutres et non-alignés connaissent une période d’activité diplomatique intense. Il leur revient de tracer les grands traits de ce que va devenir le visage du continent européen dans la période nouvelle qui s’ouvre. Pendant plusieurs années, ils vont explorer plusieurs voies, suivre différents canaux de négociations menés en parallèle. Le résultat en sera complexe et pétri de contradictions, sans doute instable.