Les évolutions de la conflictualité rendent désormais probable le combat naval avec une forte attrition impliquant les unités et leurs équipages. C’est un changement majeur pour les démocraties occidentales, d’autant plus que la tactique navale a été la pratique de l’évitement. Il faut renforcer la capacité de résister à l’attrition en développant la volonté de combattre.
Toujours combattre, ne jamais se laisser abattre
Le combat naval au prisme de l’attrition et de la vulnérabilité
Always Fight, Never Give Up
Naval combat seen though attrition and vulnerability
Developments in warfare have made naval combat more likely, and with it a high rate of attrition of both vessels and their crews. This represents a major change for Western democracies, particularly since naval tactics have long been based on avoidance. We need to strengthen the capability to resist attrition by developing the will to fight.
Dans un rapport publié en janvier 2023 (1), le think tank américain Center for Strategic and International Studies estimait, en cas de conflit pour Taïwan avec la Chine, un volume de pertes pour les États-Unis alliés au Japon compris dans une enveloppe de 24 à 43 navires et de 290 à 645 aéronefs (2). De fait, l’histoire des marines de guerre atteste que si le combat naval est rare, et la bataille décisive encore davantage, les deux provoquent néanmoins une forte attrition parmi les hommes et les unités qui y sont engagés. Plus encore, la prime à l’offensive dans le combat en mer y favorise souvent celui qui prend l’initiative et assume le « risque calculé » (3) de subir des pertes mesurées afin d’en infliger de supérieures à son adversaire. Dans une marine occidentale contemporaine, tout semble pourtant porter à éviter ces pertes. En effet, les caractéristiques propres du milieu maritime, l’optimisation des flottes et des équipages, l’effacement culturel de la violence rendent souvent la manœuvre préférable au choc et au feu. Alors que l’on se bat déjà en mer Noire et en mer Rouge, il n’est dès lors pas inutile de réfléchir aux dispositions matérielles comme immatérielles qui permettent de préparer, d’assumer puis de gérer l’attrition, inévitable tribut de la victoire en mer.
Les démocraties occidentales, structurées pour l’optimisation économique du temps de paix, déshabituées à la violence, rythmées par l’alternance démocratique, semblent inadaptées pour faire face aux efforts du temps long et aux coûts financier, industriel, culturel nécessaires à la prise de ces dispositions. Pour autant, l’examen lucide de leurs atouts montre que leurs marines de guerre, intégrées dans un jeu d’alliances, promouvant l’adaptation des organisations, l’initiative des équipages et l’esprit de responsabilité des chefs, disposent des ressources qui leur permettront, le jour venu, d’encaisser le choc et de l’imposer à l’adversaire.
L’attrition comme composante intemporelle du combat naval
En raison des caractéristiques propres de l’espace maritime et de la disparition, faute d’adversaire capable, de l’éventualité de toute forme de combat symétrique pendant une génération, les flottes occidentales ont été peu confrontées dans leur histoire contemporaine à la question de l’attrition, alors que celle-ci reste pourtant une constante de la guerre sur mer.
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