‘Le Cadet’ has Gone to the Heaven for Inspired Pamphleteers
Homage to Jean-Philippe Immarigeon
Le Cadet s’en est allé rejoindre le paradis des pamphlétaires inspirés
Hommage à Jean-Philippe Immarigeon
Derrière Le Cadet n’essayait guère de se cacher l’avocat Jean-Philippe Immarigeon. Il était conseiller juridique de la rédaction de la RDN. Il vient de nous quitter, sans prévenir. De 2011 à 2016, il était venu dire ses quatre vérités aux lecteurs de la RDN. Notre vieille revue septuagénaire faisait alors peau neuve avec une ligne éditoriale qui se voulait nerveuse pour affronter à la fois le désordre stratégique d’alors et la révolution numérique de la presse. Pour combattre la morosité ambiante, on introduisit de nouveaux regards et de nouveaux talents.
« Cela fut la chronique du Vieil, ce spectateur avisé et bourru des questions militaires et puis celle du Cadet qui vint l’accompagner et offrir au lecteur ces regards acérés et parfois décalés… et s’acquitter de la tâche de son divertissement. Chacun à sa manière délivra ces leçons d’impertinence maîtrisée, en un mot le recul nécessaire pour libérer la réflexion stratégique, trop souvent à l’étroit entre un académisme fastidieux et un conformisme prudent. Moment riche de la culture éditoriale de la RDN qui permit de souligner le caractère précurseur de leur pensée comme le poids de la culture historique et politique nécessaire pour le temps stratégique que nous vivions (1). »
Le Vieil, c’était, pourquoi le cacher encore, un auteur déjà fécond de la RDN, le général Claude Le Borgne, méhariste visionnaire et sage, et Le Cadet, venu l’épauler, c’était le « cher maître ». C’est ainsi que nous aimions appeler notre conseiller juridique, pamphlétaire aussi doué qu’engagé avec une pensée percutante et une plume redoutable. Homme de talent, plaideur infatigable, dénonciateur impénitent, il excellait dans l’art d’accrocher le lecteur avec des titres ronflants. Il aimait alors nous plonger dans « la tambouille » des rapports de force stratégiques, surtout quand il s’agissait d’aborder la scène américaine dont il maîtrisait si bien les péripéties et les personnages illustres ; il était alors magistral.
Pour la rédaction, ces « influenceurs » d’hier, chargés de chasser la pensée convenue et d’éclairer le paysage de biais, n’étaient pas des auteurs de tout repos. Le Cadet au cœur de ses belles qualités cachait deux défauts ; le premier, fastidieux, était son perfectionnisme, car il améliorait sans cesse ses billets, jusqu’à la dernière minute, jamais avare d’un bon mot ou d’une provocation brillante. C’était là son bon plaisir de pamphlétaire. Et le second était redoutable, il testait sans relâche les limites de l’acceptable. « Pas d’attaque ad hominem. » « On peut tout dénoncer en argumentant avec retenue ». Tels étaient en ce temps-là les exigences de la déontologie éditoriale. Or, il aimait le panache de la formule qui fait mouche, mais plus en Cyrano qu’en Don Quichotte ! Alors on se fâchait, un peu. Le Vieil claqua ainsi la porte !
Merci à Jean-Philippe pour cet engagement fidèle, poursuivi ensuite assidûment dans La Vigie en haut de laquelle il a aimé monter pour faire entendre le tonnerre de Brest de son talent d’éveilleur engagé dont les propos impertinents ont si souvent fait mouche et permis de penser en « stratégiste ». ♦
(1) D’après la préface d’un Journal inutile qui récapitula en 2016 les 50 billets qu’on reproduisit alors dans un Cahier de la RDN (https://www.calameo.com/read/0005581156ad1dfc1c318).







