Le Président de la Colombie, Gustavo Petro, issu des guérillas marxistes, s’est lancé dans une critique acerbe des États-Unis. L’administration Trump s’est engagée dans un rapport de force afin de faire plier la Colombie. Petro souhaite une rupture idéologique avec l’Occident et une bascule d’alliance.
Amérique latine - Colombie : Gustavo Petro et la volonté de rupture avec l’Occident
Latin America - Colombia: Gustavo Petro and a Break-away From the West
The former Marxist guerilla, now president of Colombia, Gustavo Petro, has launched into caustic criticism of the United States. In turn, the Trump administration has committed to a trial of strength in order to force Columbia to give up. Petro is seeking an ideological break from the West and a change of alliance.
Pour quelles raisons Gustavo Petro a-t-il réveillé la fureur du président Donald Trump ? Le Département d’État américain a révoqué son visa d’entrée aux États-Unis pour avoir mené des « actions téméraires et incendiaires » lors d’une manifestation publique en soutien à des manifestants pro-palestiniens, devant le siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), le 26 septembre 2025. Le Président colombien a « exhorté les soldats américains à désobéir aux ordres de Donald Trump » (1). Posture et provocation d’un chef d’État en fin de mandat voulant laisser son empreinte sur un sujet central de l’actualité internationale (2), ou signe supplémentaire d’une stratégie politique visant à détacher la Colombie du bloc occidental ?
Pour Washington, la réponse est claire : Bogota cherche à déstabiliser le camp occidental et ne recule devant aucun moyen pour le faire. Dénoncer le Président américain à New York a constitué le fait d’armes de trop aux yeux de l’Administration américaine engagée depuis le mois d’août 2025 dans une vaste opération de lutte contre le narcotrafic latino-américain dans la région des Caraïbes. La constitution d’une coalition internationale est d’ailleurs finalisée. Elle a pour but de stopper les flux des trafics vers les États-Unis ou le marché européen (3). En raison de son positionnement hostile envers les États-Unis et l’« Occident » d’une manière générale mais également de son rôle dans le trafic de drogues régional, le Venezuela est au cœur des tensions. En outre, aux mains des gangs depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021, Haïti est un autre objectif : l’adoption récente d’une résolution autorisant une nouvelle force internationale constitue un autre élément phare d’une stratégie globale conduite par les États-Unis et leurs alliés contre le narcotrafic (4).
C’est dans ce contexte de tensions que s’inscrit le durcissement des relations entre les États-Unis et la Colombie qui avait acquis, depuis 2018, le statut d’« allié majeur non-membre de l’Otan ». Ce statut et ce positionnement sont désormais sous les feux de la rampe, révélant les risques régionaux et stratégiques d’un renversement d’alliance de la Colombie conduite par un chef d’État qui n’a rien renié de ses idéaux révolutionnaires. Au-delà d’une simple fronde, Gustavo Petro appelle à une insurrection contre l’ordre international en place depuis 1945 et incarné par Washington. L’équilibre mondial se joue à Bogota comme à Caracas.
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